Pour
ouvrir ce dossier Scott Pilgrim, quoi de mieux que la critique du film
récemment sorti dans les salles françaises (mais vous vous en êtes peut-être pas aperçu), et en
DVD / Blu Ray en Outre-Atlantique ? Adapté du comics de
Brian Lee O’Malley, le film d’Edgar Wright à réussi à créer un buzz autour de
Scott Pilgrim dans la communauté geek française, notamment grâce à l’adaptation
en jeu vidéo de film lui même adapté du comics. Mais quant est-il vraiment ?
Déjà,
qu’est-ce que Scott Pilgrim ? C’est donc à la base un comics canadien au format manga de
Brian Lee O’Malley, qui raconte l’affrontement entre Scott
Pilgrim, un type à la fois looser/geek et cool/tombeur, et les sept ex-petits
amis maléfiques de Ramona Flower, sa petite amie. En clair, pour que Scott ait
le droit de passer la fin de ses jours avec Ramona, il doit affronter un par un
ses sept ex maléfiques. Cela résume bien le style Scott Pilgrim, un mélange de
vie quotidienne et de choses fantastiques, incroyables, inexpliquées qui semblent
être parfaitement intégrées au quotidien banal des personnages. Le pitch du film est exactement le même que
celui du comics, pas de surprise là-dessus. Après, il y a des petites
divergences dans le scénario en lui-même, notamment car le 6e et
dernier volume de la série n’était pas sorti lors de l’écriture du film, mais
ce n’est pas une histoire différente, c’est juste les aléas des adaptations.
La
question est donc : l’adaptation est-elle fidèle ? Car c’est tout de même un point important
pour tout fan de la série désireux de voir le film. Commençons par les acteurs.
Dans leur grande majorité, ils correspondent bien aux personnages, Michael
Cera est un Scott efficace, Mary Elizabeth Winstead correspond parfaitement à
l’image qu’on se fait de Ramona, comme Aubrey Plaza correspond parfaitement à
Julie. Dans les autres bonnes surprises, on pourra citer un Kieran Culkin
convaincant en Wallace, le coloc cool et gay de Scott ; un Brandon Routh
excellent en Todd Ingram, le 3e ex-petit ami maléfique de Ramona,
et Kim qui est – heureusement - restée mignonne sous les traits d’Alison Pill. A
côté de ça, il y a tout de même deux grosses erreurs de casting à mon
goût : Johnny Simmons en Young Neil est tout simplement imblérable avec sa
tronche et sa coupe de niais façon Zack Efron période High School Musical, et
sinon, Brie Larson en Envy Adams qui n’a pas la moindre ressemblance avec sa
version comics ... Elle passe de brune à blonde, et le visage allongé
caractéristique du personnage devient une tête bien arrondie ... WTF ?
Après
les acteurs, passons désormais aux déceptions de manière générale au niveau de
l’adaptation. On citera d’abord des choses bizarres par rapport aux ex de
Scott : Lisa en devient une alors qu’il est clairement formulé dans le volume 4
que ce n’est pas le cas, et une "Hollie", inconnue au bataillon,
vient aussi s’incruster au niveau des ex de notre héros ... Autrement, il y a
bien entendu, adaptation oblige, des passages qui ont été enlevés ça et là pour
éviter de faire un film trop long, passages provenant essentiellement des bouts
de vie quotidienne (par exemple, ceux du volume 4 sont dans leur quasi-totalité
absents ... Le volume 4 est de manière générale quasiment absent du long
métrage). On a donc du coup le droit à du réarrangement, avec le combat face à
Roxy qui a été totalement recomposé avec des pompages à d’autres passages
enlevés. La relation Scott/Ramona a aussi été un peu retouchée : Scott a
gagné en loositude et a bien du mal à séduire Ramona ; on se demande
presque pourquoi ils arrivent à finir ensemble à la fin (ouh le spoiler d’un
truc qui relève de l’évidence !), le rythme très rapide du film n’aidant
pas ... Les évènements se chevauchent et se suivent à un rythme fou, sans répis.
On notera aussi que l’univers est devenu en partie plus geek, avec des références
à cette sous-culture sans arrêt ... Une façon comme une autre de limiter son
public en allégeant au maximum la partie vie quotidienne – la partie la plus
grand public – et en donnant beaucoup (trop ?) d’importance aux combats et
aux "geekeries". D’ailleurs en parlant combat, le 5e
combat, face aux jumeaux Katanagi est un peu décevant, dommage.
Terminons
maintenant notre tour du côté adaptation du film en évoquant ses points
positifs. Premièrement, même si le côté geek prive le film d’une partie du public
qui aurait pu être intéressé, il faut bien avouer que toutes ces références
sont plutôt cool, et apportent un bon plus au film. On appréciera aussi au
niveau de l’humour l’effort fourni, tout a été fait pour garder les bonnes
vannes des différents volumes, et les gags rajoutés sont souvent très drôles et
bien trouvés. Dans les petits trucs gardés qui font plaisirs, on appréciera que
tout le côté WTF inexpliqué qui semble pourtant logique pour les personnages qui
est gardé. Heureusement en même temps, ça fait parti de l’ADN de la
série ! Pour continuer dans les points positifs, citons Todd Ingram qui
est tout le même excellent, certainement le meilleur ex petit ami maléfique du
film, bravo à Brandon Routh encore une fois, car les scènes où il apparaît sont
vraiment excellentes. Autre très bonne scène : le combat final. Il est
tout simplement génial, géant, bluffant et sauve le film a lui tout seul (même
si il y avait pas vraiment besoin de le sauver, mais disons qu’il apporte bien
20% de qualité supplémentaire au long-métrage, et encore je minimise), bref, un
régal.
Niveau
réalisation, le film assure. Même si, comme je l’ai dit, le rythme est vraiment
très soutenu, presque trop rapide, malgré des combats qui, par leur nombre (6
gros combats presque d’affilé), pourraient lasser, la réalisation est quand
même exceptionnelle car c’est un peu la boîte à idées du film, enchaînant idée
de mise en scène sur idée de mise en scène pour un résultat détonnant, efficace
et tout de même, indubitablement unique et assez génial, soutenu par des effets
spéciaux de bonne qualité (en même temps y a pas de personnages totalement en
SFX à faire bouger donc bon). Un autre point, on appréciera aussi la présence
régulière des dessins de Brian Lee O’Malley, des caméos/clins d’oeil sympathiques !
Au
rayon bonnes surprises du film, on pourra tout de même citer la bande-son du
film qui est quand même du gros calibre. Un son rock bien lourd qui donne tout
de suite au film une atmosphère unique, notamment grâce à Beck pour les
chansons des Sex bob-ombs et plus généralement grâce à Nigel Godrich. Pour
conclure ce petit point musique, comment ne pas citer le remix 8-Bit de
l’opening pour conclure le générique de fin ? Un clin d’oeil très bien vu.
Le
point que nous allons aborder maintenant est un peu particulier puisqu’il est à
propos de la VF, car, oui, j’ai vu le film en VF... Malgré moi, je vous
rassure... Mais quand UNE seule salle diffuse Scott Pilgrim dans votre
département, et quand vous n’avez pas la possibilité d’obtenir le DVD ou le
Blu-Ray disponible depuis début Novembre, vous ne faites pas le difficile. Donc
comme on pouvait s’y attendre, la VF est absolument merdique et doit facilement
enlever 30% de la qualité du film ... Oui oui. Déjà, imaginez Scott Pilgrim
parler avec la voix de M.Poulpe, l’animateur de chez Nolife, et bien c’est
quasiment ça (si ce n’est ça !) ... Donc bien évidemment, une voix de mou
comme ça ... Ça n’aide pas du tout à la crédibilité des dialogues ... Bref, une
version française à éviter (on ne le répètera jamais assez) ! A mon
avis, mieux vaut ne pas voir le film que le voir avec ... "ça".
Pour
conclure, que dire de Scott Pilgrim en film ? Et bien
personnellement, je préfère encore lire le comics, même si je pense ça
certainement à cause de la VF à chier. Le film à quand même l’immense qualité
de posséder l’univers Scott Pilgrim et d’avoir su conserver son essence et
d’avoir, comme dit plus haut dans la critique, une très bonne bande-son et des
idées de réalisation à foison. Bref, un film sympathique/bon que l’on
conseillera à tous ceux qui ont aimer le comics, à ceux qui auraient aimer le
comics si les personnages n’avaient pas des visages trop similaires, aux fans
de la culture geek, et de manière générale à tout ceux qui veulent un film pour
se détendre et rigoler un peu.
Les
+
C’est Scott Pilgrim
Fidèle
Drôle
Très bonne bande-son
Des bonnes idées de réalisations
Les références geek
Todd Ingram
Le
combat final
Les
–
Envy Adams et Young Neil
Trop rapides ?
Trop de combats ?
Certains écarts vis à vis du comics
5/10 en VF, 6,5/10 en VO
Critique rédigée par Arnonaud le 23 / 12 / 10.
Scott Pilgrim à été vu
une seule fois en VF lors de l’écriture de cet article.
Merci de respecter
le travail effectué en ne copiant pas cet article sans autorisation.